ENQUETES DE TERRAIN
À partir d’août 2024
Bavartés et en Layrisse (France)
Dès le mois d’août 2024, après un travail de repérage du terrain et des informateurs, l’équipe d’Eth Ostau Comengés a procédé à une première phase d’enquêtes ethnographiques auprès des derniers locuteurs du gascon des 21 communes ciblées.
L’axe principal de recherche était les pratiques et les perceptions liées l’eau. En effet ce territoire, traversé par la Garonne et la Pique, est marqué par une pratique d’irrigation des prés de fauche, les transports du bois par flottaison (activité aujourd’hui révolue), d’autres activités économiques utilisant l’eau comme force motrice, mais aussi les crues désastreuses ou encore les rites de pluie
Aussi, nous est apparu comme très important le thème des migrations du fait de la proximité de la frontière franco-espagnole et la spécialisation de certains villages dans le commerce voyageurs, colporteurs, notamment à Boutx. De plus, au sein de la commune de Boutx, nous sommes en train d’accentuer nos recherches sur le cas de deux communautés un peu à part dans la vallée à plus d’un titre.
Premièrement Le Ger-de-Boutx, par son isolement géographique (sur le bassin versant du Ger) et son histoire singulière, cultive son particularisme culturel et linguistique. Le thème du partage et ou de la gestion des estives mais aussi de l’eau, des forêts et de la station de ski du Mourtis font l’objet de vives discussions aujourd’hui encore. Et deuxièmement, le cas d’Argut-Dessus, territoire très isolé et très accident, déserté par les ¾ de sa population et qui vit s’installer dans les années 1950 une population nouvelle, d’origine urbaine, une expérience pionnière, dans le cadre de services civils encadrés par l’Association de vacances en montagne, sous l’égide du docteur Heurté de Cierp. Deux cultures et philosophies de vie y ont cohabité pacifiquement et se sont parfois mêlées de façon intéressante, rebâtissant les maisons en ruine mais non sans écraser la culture autochtone devenue ultra minoritaire.
Enfin, ces deux vallées sont marquées par une déprise pastorale très prononcée, elles furent aussi le théâtre de la réintroduction des premiers ours slovènes en 1996, sur la commune de Melles. En plus des pratiques liées aux transhumances, le rapport aux prédateur seront les axes explorés lors de nos futures investigations. Ce dernier sujet, très sensible et clivant, de surcroît avec le retour annoncé du loup, est un sujet de débats très vifs dans les vallées. En pleine crise agricole à l’échelle européenne, plusieurs informateurs nous ont déjà confié y voir la fin d’une civilisation pastorale et au de là, la fin des villages eux-mêmes.